Et quelque part il y a...
Et là, sur l'affiche d'un lycée professionnel, au milieu d'un groupe de sales morveux qui prétendent être heureux enfermés à l'école, il y a...
...ce qui s'apparente être mon sosie parfait.
Oui, oui, juste là, derrière la poupée qui nous brandit son sourire de collagène, du moustachu des regrettés Village People, veste en cuir pour l'occasion, et du mec qui n'a pas compris que les Beatles étaient morts... je suis là. Enfin, ce n'est pas vraiment moi, puisque je ne suis plus au lycée (Dieu m'en garde!) mais bien derrière le bureau maintenant... Non, là, c'est la parfaite copie de moi-même, de quelqu'un qui se coiffe comme moi, qui s'habille comme moi et qui a le même visage et peut-être aussi le même corps (en plus ferme, sans aucun doute).
Mais qui est-elle alors? Si elle n'est pas moi, mais qu'elle me ressemble?
Est-ce que, comme moi, elle parle fort tout le temps, sans s'en rendre compte? elle fait des geste avec les mains? elle mange ses joues quand elle est songeuse ou stressée? elle plisse le nez quand elle rigole?
La fille qui tourne la tête comme si elle n'avait pas vu le photographe. Qu'est-ce qu'elle a à cacher? Elle peut pas la montrer sa face qu'on voie tout de suite qu'elle n'est pas moi et puis c'est tout, on passe à autre chose.
On sait qu'elle ne regarde jamais l'objectif, elle est au-dessus de ça, la sosie. Elle traîne toujours avec une copine qui lui sert de faire-valoir : la dite copine ferme ainsi les yeux, cliché foiré, main dans la gueule efficace de l'acolyte démoniaque.
Le mec de droite les regarde d'un oeil circonspect, qu'elles ne viennent pas me faire foirer ma pose à moi, dix jours que je travaille sur la posture parfaite pour avoir l'air d'un con. Facile quand celui qui est à votre gauche a oublié comment faire un coeur avec ses mains et se contente donc d'une forme peu orthodoxe (puisqu'on je peux y voir la forme d'un vagin à l'envers).
L'affiche négligemment distribuée donna donc lieu à un débat de haute volée :
- Mais Madame, c'est bien vous, ici, là, non?
- Quoi? ça? Vous rigolez? Nan mais sans blague, vous rigolez?
- Mais quand même! C'est pareil. Tout. Mais regardez! Les cheveux, la coupe, l'écharpe, quand même!
- Non mais regardez le nez, s'il-vous-plaît! Le nez! Ne me dites pas...
- Ah oui, non... c'est vrai... c'est pas le même nez. Le sien est moche.
S'ils savaient, s'ils savaient...
*
Ne plus se sentir si unique que ça.
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