Ce samedi-là.
Ce samedi-là, quand j'ai ouvert les yeux à 7h35 parce que Maxime pleurait, Papa m'a dit "il y a eu des attentats hier, des fusillades, des morts", je ne me suis jamais levée aussi vite pour vous prendre dans mes bras.
J'ai vu que Maxime "faisait" ses canines, je me suis dit que c'était le jour idéal.
Pour se défendre, les canines, c'est bien utile.
Pour une fois, je ne vous en ai pas voulu de me tirer du lit, si tôt, de ce lit qui m'avait tenue éloignée de toute cette horreur, une nuit de plus, une nuit de répit.
Au lever, je n'ai pas pu regarder les images parce qu'il a fallu vous mettre Peppa Pig.
Je n'ai pas pu regarder sur internet les infos parce qu'il a fallu vous faire des tartines.
J'ai quand même pris mon téléphone pour voir si les autres allaient bien.
Alors, malgré la fatigue, on s'est tous relevés les manches. On a fait chauffer la marmite, on a roulé de la pâte à cookie, on a coupé un poulet et on a tout préparé pour réunir ceux que l'on aime.
On a nourri, avec ce qu'on pouvait, le ventre et les coeurs.
On a comblé, avec l'amour qu'on avait, la tristesse qui nous tordait l'intérieur.
On a allumé des bougies, parce qu'on pensait quand même à tous ceux qui n'avaient plus cette chance.
Je me suis dit qu'il faudrait désormais vivre avec.
J'ai déjà peur tous les jours : peur de la route quand tu fais du vélo, peur des copains qui te malmènent dans la cour, peur des fenêtres quand tu veux regarder les oiseaux, peur des microbes quand tu veux boire à la paille des autres. La peur, je la connais depuis que tu es né. Elle est venue avec l'amour. Mais désormais, il y en aurait une de plus : la peur de ne pas être à tes côtés si jamais tu croisais le chemin d'un de ces hommes-là. Ces nouveaux loups des bois.
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