Avoir les élèves suspendus à mes lèvres grâce à Nina Bouraoui :
" Je coupe mes cheveux. Je jette mes robes. Je cours vite. Je tombe souvent.
Je me relève toujours. Ne pas être algérienne. Ne pas être française. C’est
une force contre les autres. Je suis indéfinie. C’est une guerre contre le
monde. Je deviens inclassable. Je ne suis pas assez typée. « Tu n’es pas une Arabe comme les autres. » Je suis trop typée. « Tu n’es pas française. » Je n’ai pas peur
de moi. Ma force contre la haine. Mon silence est un combat. J’écrirai aussi pour
ça. J’écrirai en français en portant un nom arabe. Ce sera une désertion. Mais
quel camp devrais-je choisir ? Quelle partie de moi brûler ? [...]
De mère française. De père algérien. Je sais les odeurs, les sons, les couleurs. C’est une richesse. C’est une pauvreté. Ne pas choisir c’est être dans l’errance.
Mon visage algérien. Ma voix française. J’ai l’ombre de ma lumière. Je suis l’une
contre l’autre. J’ai deux éléments, agressifs. Deux jalousies qui se dévorent. Au
lycée français d’Alger, je suis une arabisante. Certains professeurs nous placent à droite de leur classe. Opposés aux vrais Français. Aux enfants de coopérants.
Le professeur d’arabe nous place à gauche de sa classe. Opposés aux vrais
Algériens. La langue arabe ne prend pas sur moi. C’est un glissement.
Écrire rapportera cette séparation. Auteur français ? Auteur maghrébin ? Certains choisiront pour moi. Contre moi. Ce sera encore une violence."
Écrire rapportera cette séparation. Auteur français ? Auteur maghrébin ? Certains choisiront pour moi. Contre moi. Ce sera encore une violence."
Nina Bouraoui, Garçon manqué, Éditions Stock, 2000.
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